12 une organisation par cycles : alternance de travail et de repos
Jusqu'ici, nous avons pris des informations sur l'athlète et la discipline qu'il pratique. Nous avons également défini un objectif tout en nous donnant des principes directeurs pour nous aider à l'atteindre. Parlant de ces principes nous en sommes venus à parler de l'organisation des charges d'entraînement comme un processus cyclique alternant les phases de travail et celles de repos. C'est de ce point dont nous allons parler à présent.
Traditionnellement, l'entraînement se compose de périodes qui ont une structure caractéristique. Cette structure est partiellement reproduite d'une période à l'autre, comme si elle se répétait une nouvelle fois. Le processus de retour d'une structure identique explique le nom de cycle appliqué à chacune des phases d'entraînement. Le terme cycle vient du grec kuklos signifiant cercle ; forme géométrique figurant le retour sur soi.
12.1 Différents cycles
Les scientifiques d'Europe de l'Est ont délimité trois sortes de cycles :
les petits cycles appelés aussi microcycles(du grec mikros signifiant petit). Leur durée commune s'étend de 3 jours à 21 jours selon les entraîneurs. Pour des raisons de commodité, la semaine est la période la plus utilisée.
les cycles moyens appelés aussi mésocycles (mesos signifiant milieu). Ils se composent généralement de 3 à 6 petits cycles et s'étendent sur une durée variant de 3 à 12 semaines. Ils comprennent plusieurs cycles de travail entrecoupés de cycles de repos. Généralement, à l'issue d'un cycle moyen, une évaluation est faite permettant de savoir si les objectifs intermédiaires ont été atteints.
les grands cycles nommés aussi macrocycles (makros signifiant grand). Composés de 2 à 6 cycles moyens, ils s'articulent autour de l'atteinte d'un objectif de compétition. Le plus souvent, une année s'articule autour de 1 à 3 grands cycles.
Enfin au-delà des grands cycles, il est possible de situer des périodes d'entraînement qui peuvent s'étendre sur un an, une olympiade voir plus lorsque le raisonnement s'applique à la carrière d'un sportif.
Comme nous pouvons le comprendre à la lecture de ce qui précède, les cycles s'imbriquent les uns dans les autres. Plusieurs petits cycles forment un cycle moyen qui répété à son tour plusieurs fois constitue un grand cycle. Ce dernier est quant à lui directement délimité par l'atteinte d'un objectif.
Partant du découpage en cycles, de nombreux modèles ont été présentés par les expérimentateurs. Une échelle de difficulté a été accolée aux différents cycles -du cycle de choc au cycle léger-. Des organisations progressives, dégressives, alternées ont été expérimentées pour tenter de "ranger" les cycles entre eux. Le nombre des formules possibles ne semble avoir que l'imagination comme limite.
Pour ceux que ces questions intéressent rappelons que nous consacrons un chapitre à la modélisation de l'entraînement par "l'école de l'Est".
Mais, que l'on parle de pluralité des modèles, de pertinence des termes, ou de validité des durées, une question se pose : qu'est ce qui permet de justifier l'utilisation des cycles d'entraînement ?
12.2 Des cycles, pour quoi ?
Les cycles trouvent des justifications dans notre biologie.
Première justification : Nous avons signalé que toute sollicitation d'un organisme vivant engendrait une période transitoire de fragilité. Seul le repos permet à l'organisme de retrouver un équilibre. Alternance travail - repos ; voilà qui constitue la base de l'utilisation des cycles. Leur organisation imbriquée permet de retrouver cette alternance à tous les niveaux du programme.
Seconde justification : Nous avons signalé que le vivant s'adapte plus facilement lorsque l'environnement qu'il rencontre ne lui est pas complètement inconnu. Nous avons dit que les cycles se caractérisaient par le maintien d'une certaine structure. C'est cette structure qui assure une meilleure adaptation en dépit de l'augmentation de l'intensité et/ou de la quantité des efforts fournis.
La troisième grande justification n'a plus trait à la vérité mais à l'utilité. Les cycles constituent des périodes faciles à délimiter dans le temps. De ce fait, ils se prêtent à une organisation précise, structurée, aisée à reconnaître et à évaluer. Telle période est réservée au développement de telle(s) qualité(s). A l'issue de ce travail, est placée une phase de récupération et une évaluation permettant de s'assurer de l'atteinte des objectifs fixés au préalable.
La succession des qualités est, elle aussi, rendue plus commode à gérer. Le travail d'une qualité peut en toute simplicité être remplacé par celui d'une autre.
L'organisation en périodes permet la mesure. Elle satisfait le besoin d'organisation et de contrôle de notre cerveau.
Outre l'existence des cycles, leur organisation a fait l'objet d'argumentations.
Concernant leur durée, les scientifiques russes ont établi des durées optimales de développement en fonction du type de qualités physiques. Par exemple, ils ont dit la pertinence des cycles de 6 et 12 semaines. Ces résultats sont éminemment contextuels. Ils influencent pourtant notre approche de l'entraînement. Il nous faut faire des efforts pour ne plus systématiquement réfléchir sur 3, 6 ou 12 semaines. Mais de plus en plus, nous comprenons que ce qui compte avant tout c'est de favoriser l'adaptabilité de l'organisme grâce notamment à l'alternance du travail et du repos.
12.3 Des cycles, comment ?
En pratique, la longueur des cycles est déterminée par le choix de la durée du plus petit d'entre eux et surtout de la durée totale du programme d'entraînement. S'il nous reste moins de deux mois jusqu'à la compétition et que nous choisissons de faire des petits cycles d'une semaine, notre plan s'organisera autour de 8 cycles d'entraînements. Ceux-ci peuvent être découpés sous la forme 2 x (3 cycles de travail + 1 cycle de récupération).
Mais rien ne nous contraint à autant de rigueur. Le principal n'est pas que les cycles aient telle durée plutôt que telle autre, telle structure à la place de telle autre. Le principal n'est pas même que les cycles existent. Nous disons que le principal est que les principes qui régissent l'évolution du vivant soient respectés autant que faire se peut.
Dans ce chapitre, nous avons parlé comme un tout de l'organisme et des principes susceptibles d'accompagner sa capacité d'adaptation. Mais autant qu'un organisme dans son ensemble, l'entraînement cherche à développer un ensemble de qualités. Parmi celles ci, nous avons sélectionné quatre qualités physiques. Ces qualités ont une dynamique propre. Elles ne se développent ni de la même façon, ni à la même vitesse. De plus, elles s'influencent mutuellement. Si nous voulons adapter l'organisation de l'entraînement aux qualités, nous devons prendre en compte leurs dynamiques et leurs influences