14 Définir les charges
14.1 La charge de travail
Au cours d'une séance d'entraînement, le sportif pratique un certain temps - entrecoupé ou non de périodes de récupération, à une certaine intensité physique et/ou psychologique (cas d'une situation complexe.). C'est l'addition du temps à l'intensité d'effort qui fait la charge effective d'entraînement.
Dans un sport aisément quantifiable comme l'athlétisme la décomposition de l'effort est de type : l'athlète court une distance -D- (ou un temps T) à une vitesse ou intensité -I. Il récupère -R- un certain temps à une allure plus ou moins soutenue. L'athlète recommence plusieurs fois ce cycle, ce qui donne une quantité globale -Q- ou volume -V-de travail. D, I, V, R (prononcer divers) sont les paramètres de la charge effective de travail.
C'est l'arrangement de ces quatre paramètres qui détermine la charge d'entraînement, c'est à dire sa difficulté et son impact. De ces quatre lurons c'est l'intensité qui "pèse" le plus. Les autres s'y conforment. Aucun secret, si nous courrons à vitesse maximale, nous n'avancerons pas pendant des heures et nous devrons prendre des bonnes récupérations pour pouvoir maintenir l'allure.
Si nous n'arrivons à maîtriser qu'un seul paramètre, autant que ce soit celui-là.
Le deuxième paramètre à prendre en compte par ordre d'importance est le volume global de travail. Pour une même intensité il peut rendre la séance difficile, moyenne ou facile.
La progressivité
La progressivité est un des trois grands principes de l'entraînement. Pour assurer sa mise en oeuvre d'une séance à l'autre ou d'un cycle à l'autre, il est pensable de faire évoluer un paramètre et de maintenir les autres. Il est également possible d'équilibrer la sollicitation en jouant sur les autres paramètres. Voyons un exemple simplifié de progression de la charge de travail jouant sur le critère quantitatif
1
10x300m ; allure 21km/h ; récupération 40"
2
12x300m même configuration
3
8x400m ; même allure, récupération 50"
4
10x400m même configuration
Entre 1 et 2 le volume global a changé, entre 2 et 3 la distance des répétitions s'est transformée et entre 3 et 4 c'est de nouveau le volume global qui a progressé.
Voyons à présent un exemple simplifié de progression d'un indice (vitesse de course) tout en maintenant la charge
1
Repartons des 10x400 ; allure 21mk/h ; récupération 50"
2
8x400m ; allure 22km/h, récupération 1'30"
3
6 x 400m ;: allure 23 km/h récupération 2'
4
2 x 3x(400) allure 24 km/h récupération 2' à 2'30" et 6' entre les séries
Par cette progression, nous avons joué sur l'intensité (la vitesse augmente), les récupérations (elles augmentent) et le volume (il diminue). Ce faisant, nous avons changé de type de travail et de qualité sollicitée. Ainsi, pour un athlète de niveau interrégional ayant une VMA à 21 km/h nous sommes passé d'un travail de VMA à un travail acide à allure 1500 m.
Dans le même temps, nous avons tout fait pour que les changements s'équilibrent de manière à ce que la charge globale ne soit pas trop augmentée. Mais rien ne nous assure de ce dernier point. Rien tant que nous ne l'avons pas demandé et vérifié directement avec l'athlète.
14.2 Charge extérieure - charge ressentie
C'est l'agencement des quatre paramètres donnés ci-dessus qui détermine la charge de travail. Cette charge extérieure va être ressentie par un organisme plus ou moins entraîné, plus ou moins fatigué, plus ou moins habitué à ce type de sollicitation. Elle va donc avoir un effet plus ou moins marqué sur cet organisme. C'est cet impact interne d'une charge externe que nous appelons la charge réelle d'entraînement ou charge ressentie.
C'est elle qui va nous permettre d'évaluer l'impact de l'entraînement ou plus exactement, c'est la différence entre l'impact prévu par l'entraîneur avant la séance et la sollicitation ressentie par l'athlète.
Séance difficile, moyenne ou facile. Voilà un classement que l'athlète et l'entraîneur peuvent utiliser pour s'assurer que le plan prévu correspond bien au plan effectué. Ils peuvent également faire correspondre le ressenti de l'athlète à une note subjective de l'effort ; une note sur une échelle allant de 0 à 20 par exemple . Ils ont aussi la possibilité d'utiliser des indicateurs d'effort comme la fréquence cardiaque ou plus exceptionnellement la lactatémie.
En faisant la comparaison entre prévisions et réalisation, le couple entraîneur-athlète pourra détecter les moments d'instabilité et tenter de comprendre si ces moments viennent d'une erreur de programmation par l'entraîneur ou d'une fatigue de l'athlète.
Ce faisant, athlète et entraîneur entrent dans la phase de suivi de l'entraînement.