3 la filière anaérobie anacide : sans air et sans acide La filière aérobie utilise l'oxygène, la filière acide produit de l'acidité. La filière dont nous parlons dans cette page ne fait ni l'un, ni l'autre. 3.1 Présentation
Tout est dit dans le titre. L'énergie apportée par cette voie ne nécessite par d'air et ne produit pas d'acide. Vous allez me dire que c'est le nirvana. Ni besoin de respirer, ni besoin de supporter les "jambes lourdes et gonflées" ! Mais.
Nous avons juste assez d'ATP pour courir environ 1". Et le composé voisin qui l'accompagne - la créatine phosphate - peut le relayer quelques secondes de plus mais c'est tout. Au-delà de ce temps, si ces deux éléments ne sont pas reconstitués, la course s'arrête. L'ATP et sa cousine la créatine phosphate - CP - ressemblent à des grains d'énergie contenus à l'intérieur d'un réservoir dans lequel le muscle vient puiser pour se contracter. Quand le réservoir est vide, le muscle n'a plus "à manger", il ne peut plus se contracter. Pour qu'il continue, l'organisme doit pouvoir remplir le réservoir d'énergie.
Les petits ouvriers qui s'entachent à ce travail sont apportés par les deux autres voies énergétiques : la filière aérobie et la filière anaérobie acide. Seules ces deux voies transforment l'énergie des aliments, la troisième dont nous parlons ne fait que la récupérer. Elles sont les préposés de la troisième. Le seul geste que fait la filière anaérobie anacide envers ses deux acolytes, c'est de les prévenir qu'ils doivent se mettre au travail. Comment ? C'est très simple !
Quand un ATP se dégrade, il envoie un signal aux deux autres filières leur intimant l'ordre de s'activer. La voie la plus rapide - la filière acide - s'active suivie de peu par le deuxième larron. Toutes deux vont alors s'efforcer de maintenir un niveau constant dans la boîte à énergie. 3.2 Les allures de course
Elles vont de la vitesse maximale à la vitesse pouvant être tenue environ 20". En termes d'entraînement, ces deux allures sont souvent appelées vitesse courte et vitesse prolongée. Au niveau physiologique, nous retrouvons les appellations puissance et capacité anaérobie anacide (ou anaérobie alactique).
Les distances comprises entre 30m et 150m permettent d'assurer la sollicitation de la filière anaérobie anacide. 3.3 Les séances type
Au-delà du demi-fond court, la vitesse n'est pas le type de travail le plus utilisé. Il faut dire qu'il ne provoque pas les adaptations les plus utiles à la réalisation de performances sur des distances comprises entre 3 km et 100 km. Pourtant, le coureur à pied aurait tort de délaisser complètement l'entraînement à la vitesse. Il permet, en effet, de retrouver un dynamisme musculaire que les longues séances de course amènent à perdre. Il peut également aider à sortir d'une foulée stéréotypée, incapable de s'adapter à des changements d'allures.
L'astuce habituelle consiste à intégrer le travail de vitesse à d'autres séances de course. Elle peut ainsi venir après un échauffement, à la fin ou pendant un footing.
Quoi qu'il en soit, tous les coureurs trouveront avantage à faire des "lignes" alliant vitesse, travail technique et relâchement sur la fin de leurs séances.
Quant aux coureurs de 800-1500, ils pourront réserver des séances entières à la vitesse courte et/ou prolongée. Une séance associant les deux types d'allures pourrait être. (150 progressif - 50 m) - (150m -50m) - (150 Vite-Relâché-Vite - 50m) le tout répété trois fois. Les récupérations devraient être suffisamment importantes pour ne pas provoquer de chute de la vitesse de course. Elles devraient permettre à l'organisme de reconstituer la boîte à énergie tout en s'apprêtant toujours à répondre à l'ordre d'aller vite de suite. En pratique, un retour en marchant suivi de quelques dizaines de secondes de trot permettent d'obtenir ces effets. Le problème de la vitesse est que, souvent, les coureurs à pied sortent d'une séance avec l'arrière des jambes tendu pour quelques jours. Cette nuisance est due à une contraction importante des chaînes musculaires postérieures. Elle peut être amoindrie par un bon échauffement préalable et surtout par des exercices d'étirements réguliers.
3.4 Evaluer les qualités anaérobie anacide
Attention : cette évaluation ne concerne pas les coureurs de fond et de demi-fond long ! Le moyen le plus simple d'évaluer le niveau atteint par la filière anacide est de réaliser une performance sur une distance choisie entre 20m et 200m selon le versant de la filière que nous souhaitons connaître.
Si nous voulons connaître notre niveau en vitesse courte, nous pouvons, par exemple, accomplir trois fois de suite un 30m départ lancé en séparant les courses d'une bonne récupération. Pourquoi en faire trois ? Parce que sur ces distances, les erreurs de chronométrages peuvent être aussi - voir plus - importantes que la progression enregistrée. En faisant trois prises et en éliminant les temps extrêmes nous réduisons ces risques.
Le versant capacité de la filière anacide peut être évalué en ajoutant à l'épreuve précédente une course sur 150m -ou 200m-. Nous n'avons plus qu'à faire la différence entre la vitesse tenue 150m et celle tenue sur 30m. Plus cette différence est faible, plus notre aptitude à faire durer la filière anacide est bonne.
Toutefois, une fois encore, il convient de prendre garde à une telle interprétation. En effet, la faible différence entre les deux vitesses peut provenir d'une incapacité à aller vite en vitesse très courte. Ceci est fort possible surtout concernant les coureurs de demi-fond. Seule la comparaison des deux performances de pointes à partir d'une base commune - qui peut être un entraîneur expérimenté ou un tableau de correspondances d'épreuves - pourra trancher le débat. La limite des évaluations qui précèdent vient du fait qu'elles ne prennent pas en compte que les dispositions anaérobie anacide. Elles évaluent également, l'habileté technique et la force. Mais qui serait capable de déterminer les seules aptitudes physiologiques d'un organisme ? Et puis quel intérêt aurait cette évaluation pour l'entraînement ? Rappelons-nous que nous travaillons sur la base des qualités physiques comme expression de l'aptitude à réaliser une performance dans un environnement précis.
Filières aérobie, anaérobie acide et anacide sont les trois composantes prises en compte au niveau de l'énergétique appliquée à l'entraînement. Vous pouvez voir dans le tableau consacré aux voies énergétiques que leur importance respective varie considérablement selon la distance de course. Il est évident que le temps d'entraînement qui leur est accordé s'adapte en conséquence. Les trois pages consacrées à la transformation de l'énergie pour la course étant terminées, nous vous rappelons que vous trouverez leur complément beaucoup plus étoffé dans le secteur physiologie.
Nous vous proposons, à présent, de passer à l'utilisation de cette énergie dans le mouvement.
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