4 L'aventure des "z'odeux"
De l'atmosphère aux cellules de l'organisme, cette page conte l'itinéraire mouvementé d'un groupe de 10 molécules d'oxygène.
4.1 De l'air ambiant aux poumons
10 petites molécules d'oxygène se promènent au grès du vent. Soudainement, elles se sentent irrémédiablement attirées vers un gouffre noir. Une descente infernale commence le long d'un tube rugueux (trachée). Cette chute les conduit à l'intérieur d'une petite sacoche (alvéole pulmonaire) plutôt agréable par la chaleur qui y règne.
4.2 De l'alvéole pulmonaire au sang
Une grande partie de cette pièce est baignée par un liquide visqueux qui s'écoule lentement. Nos pauvres molécules se sentent une fois encore entraînées vers cette masse liquide. Le malheur est d'autant plus grand qu'elles ne sont que quatre à s'être infiltrées.
4.3 Le transport dans le sang
Les voilà à présent baignant dans un fleuve rouge (artère). Mais la baignade n'est pas libre, elle est même surveillée de très près par des maîtres nageurs particuliers (hémoglobine). Nos 4 molécules ont été prises en charge par un seul surveillant. Cette aide est la bienvenue pour nos acolytes dans la mesure où le débit du fleuve s'étant accru, la vitesse s'étant accélérée (contraction cardiaque), elles se trouvent secouées, frappées contre les berges.
A cette agitation succède le calme d'un petit ruisseau (de l'artériole au lit capillaire) dont les bords sont très difficiles à délimiter. Nos molécules se sentent alors libérées de leurs liens. Toutes ces aventures les poussent à chercher le calme sur les berges. Nouveau malheur, un membre du groupe n'a pas réussi à se libérer et a continué sa nage vers l'inconnu.
4.4 Du sang à la cellule musculaire
L'accès aux berges ne semble pas aisé. Une muraille compacte (la membrane plasmique) se dresse devant nos petites molécules. Le pessimisme règne dans le groupe de plus en plus restreint. Pourtant, l'obstacle est franchi avec une facilité déconcertante.
4.5 A l'intérieur du muscle
Le spectacle qui s'offre aux trois complices est grandiose. Devant elles se dresse une grande pièce (cellule) peuplée de petites alvéoles refermées sur elles, de labyrinthes interminables... L'ensemble baigne dans un liquide transparent (cytosol) qui ajoute à la superbe de la vue.
Alors qu'elles comptaient profiter de leur liberté toute nouvellement acquise, nos comparses se sentent une nouvelle fois emprisonnées par des inconnus qui se présentent comme des guides (myoglobine). "Nous avons pour mission de vous conduire dans une petite enclave difficile d'accès. C'est là que se terminera votre voyage." Malgré les protestations de nos petites amies apeurées, les guides ne consentent pas à en dire davantage. Ils se contentent d'accomplir ce qu'ils viennent d'annoncer.
C'est donc accompagnées que nos héroïnes rentrent par une porte qui se referme aussitôt, laissant une d'entre elles dans les mains des énigmatiques guides. Voilà nos deux rescapées prisonnières d'une enceinte confinée (mitochondrie) dont les rebords présentent de volumineuses crêtes. Qu'attend-on d'elles ? Quel va être leur sort ?
Alors que les interrogations se bousculent dans leur tête, la molécule la moins transie d'effroi remarque que le lieu a l'air plutôt sympathique. La preuve, une forme étrange (électron) s'amuse à glisser sur un toboggan déroutant (chaîne oxydative). Aux parties pentues succèdent des emplacements plats. La vitesse fait rebondir la forme qui semble perdre des biens à chaque saut (énergie).
Rassurées nos molécules se mettent à applaudir le spectacle. Elles ne se sont pas rendu compte que le toboggan menait directement sur leurs petites personnes. C'est dans l'incompréhension la plus totale que la molécule placée en retrait assiste à la collision entre ce qui leur paraissait être un joyeux luron et sa compagne d'infortune. Le choc est si brutal que son amie se trouve à moitié désintégrée, transformée en un corps de forme différente (eau).
Effondrée de douleur, la survivante tente de fuir, de se soustraire à ce destin effroyable. Trop tard, de partout arrivent des "tobboguistes" remplis d'une énergie débordante...
Ne soyez pas tristes petites molécules, votre sacrifice a permis à un organisme de se mouvoir, d'agir, de panser ses plaies, donc de vivre. Et puis vous vivez encore à travers ces nouvelles molécules que vos morts ont fait naître. Ne vous alarmez pas, ces dernières n'hésiteront pas, elles-aussi, à se sacrifier pour vous redonner vie (photolyse de l'eau, enfouissement du carbone).
La romance prend fin. Le propos qui suit s'évertue à replacer ce que nous savons de l'oxygène dans le cadre de l'activité physique en général et de la course à pied en particulier. Attention, le style redevient plus "scientifique".