Présentation du secteur

En 100 ans de recherches, l'acide lactique est presque devenu un mythe. Montré comme responsable puis témoin de la fatigue, il est de plus en plus un indicateur utilisé pour évaluer l'impact d'un entraînement. Certains entraîneurs proposent même des systèmes d'entraînement complètement basés sur le niveau lactique atteint (voir pour exemple le livre de Nelson Cordner : "Courir").
Dans cette page nous essayons de faire la part entre la croyance et la réalité de l'acide lactique. Nous prenons en compte les différents aspects de ce métabolite : sa production, son parcours dans l'organisme, son évolution en fonction de l'intensité de l'exercice. Enfin, nous envisageons l'utilité qu'il peut avoir dans le cadre du suivi de l'entraînement et de la prévision de la performance.

Attention : A l'origine, cette page est le fruit d'un travail de recherche. Elle prend donc une forme plus scientifique que d'autres pages du site. Les références, les noms d'auteurs que nous donnons peuvent alourdir le style. Nous avons cependant jugé bon de ne pas les supprimer afin que les spécialistes puissent y trouver leur compte.

Cette remarque étant faite, commençons -une fois n'est pas coutume - en parlant de l'évolution du taux de lactate en fonction de l'intensité de l'effort, donc de la vitesse de course.

1 Evolution du lactate dans le sang

1.1 Exercice progressif : de la zone verte à la zone orange

Nous appelons progressif, un exercice au cours duquel l'intensité de l'effort est graduellement augmentée. En course à pied, l'épreuve type est le test progressif de course (tout sur l'entraînement / test).
Pendant un tel exercice, la concentration de lactate dans le sang (lactatémie) augmente de manière marquée.

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine d'un spécialiste de demi-fond en fonction de la vitesse de course. Les couleurs font références aux zones d'allures.

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine en fonction de la vitesse de course d'un spécialiste de demi-fond et d'un sportif non entraîné.

Au début de l'exercice progressif, lorsque l'intensité est faible, la concentration sanguine de lactate [La]s s'accroît très légèrement tout en restant proche des valeurs de repos (environ 2 mmol/l). Avec l'augmentation d'intensité, [La]s augmente tout d'abord modérément puis de manière exponentielle. Le passage d'une lactatémie à peu près stabilisée à une élévation rapide des valeurs a donné naissance à un concept que nous discuterons par la suite, celui de seuil lactique.

Effets d'entraînement
Avec l'entraînement, l'accumulation du lactate dans le sang se produit plus tardivement, c'est à dire à un pourcentage de VO2max plus élevé .

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine en fonction de la vitesse de course d'un spécialiste de demi-fond et d'un sportif non entraîné.

La courbe de lactatémie de l'athlète entraîné est déviée vers la droite. Cette adaptation à l'entraînement a participé à la croyance selon laquelle l'acide lactique est responsable de la fatigue. L'idée est que si son taux est moins important chez un athlète plus entraîné donc plus fort, l'inefficacité du novice est le fait d'un accroissement du taux de lactate. Dès lors, l'amélioration passe par une moindre production de lactate. Nous verrons l'erreur qui accompagne ce raisonnement.

Le schéma qui précède décrit l'évolution typique de l'acide lactique présent dans le sang lorsque l'allure de course passe du footing lent (zone verte) à la Vitesse Maximale Aérobie (zone orange)
Voyons, à présent, l'évolution de l'acide lactique au cours d'exercices dépourvus de variations d'allures et réalisés à une intensité inférieure ou égale à ce que nous avons appelé le seuil (= footing rapide : zone jaune).

1.2 Exercices à intensité constante : du footing lent (zone verte) au footing rapide (zone jaune)

En fonction de la puissance de l'exercice, la lactatémie peut adopter des profils différents lors de la transition jusqu'à l'état stable.

Au cours de l'exercice très léger comme le footing lent (zone verte), la lactatémie peut baisser sous son niveau de repos (Bang 1936).

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine au cours d'un footing lent (couleur verte)

Si l'athlète effectue sa séance à une allure stable mais légèrement supérieure à celle qui précède, l'évolution de la lactatémie a toutes les chances de ressembler à celle de la courbe qui suit.

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine au cours d'un footing à vitesse modérée (allure moyenne, zone verte)

Après une augmentation initiale, la lactatémie retrouve ses valeurs basales.

Que l'athlète entreprenne une séance à une allure encore plus soutenue - se rapprochant de l'allure en footing rapide - et sa lactatémie ressemblera certainement à celle décrite dans la figure ci-dessous.

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine au cours d'un footing à vitesse moyenne+ (zones verte-jaune).

La première partie de ce troisième profil est identique à celle de l'exercice modéré. Dans une deuxième partie, la lactatémie baisse et se stabilise au-dessus des valeurs de repos.

Dernière vitesse atteinte par l'athlète celle située dans la zone de transition entourant l'allure de footing rapide.

	Représentation de l'évolution de la lactatémie sanguine au cours d'un footing rapide (zone orange , 85% de VMA)

Ce dernier profil se caractérise par une augmentation puis une tendance à la stabilisation de la lactatémie à un niveau plus ou moins élevé selon les personnes. Ce profil est typique d'un exercice réalisé au niveau du fameux seuil lactique

Effets d'entraînement
Que l'on compare des groupes de niveaux différents ou des athlètes avant et après une période d'entraînement, il apparaît que l'aptitude à maintenir longtemps une puissance élevée va de paire avec une moindre élévation de la lactatémie. Un sujet entraîné en endurance réalise le même exercice qu'un sujet sédentaire avec une lactatémie moins importante.

Cette première partie purement descriptive étant terminée, passons à ce concept fumeux posant l'existence d'une allure privilégiée nommée seuil lactique.