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6.2.20. LES TRAVAUX PAR POINTS CHAUDS | ![]() |
Les travaux par points chauds sont tous ceux qui nécessitent le chauffage de pièces métalliques, en utilisant soit un chalumeau, soit un poste de soudure électrique, soit tout autre procédé tel que soudure par étincelage.
Les travaux par points chauds comprennent le soudage à l'arc électrique, le soudage au chalumeau à gaz (oxyacéthylénique ou aérogaz), le soudo-brasage, l'oxycoupage (coupage des métaux au jet d'oxygène), le dégrivage au chalumeau, le soudage au chalumeau à gaz de bandes de bitume, le coupage et le meulage à l'aide d'outils tels que tronçonneuse, meuleuse d'angle ou ponceuse. Ces travaux sont susceptibles, par apport de flamme, de chaleur ou d'étincelles, de communiquer le feu au locaux.
Ces travaux nécessitent des mesures préventives et des mesures de surveillance pendant et après les opérations. Donc, ces actions devront être renouvelées autant de fois que le travail sera interrompu et repris. Dans de nombreux cas, un « Permis de feu » devra être établi.
Travaux par points chauds : première cause des incendies industriels
L'accidentologie montre que les travaux par points chauds sont la première cause des incendies industriels. Une étude du Bureau d'analyse des risques et pollutions industrielles (Barpi) portant sur une soixantaine d'accidents survenus lors d'activités de réparation et de maintenance montre que les deux tiers comportaient des travaux par points-chauds. Dans un cas sur deux, les produits enflammés sont ceux qui sont fabriqués, transformés ou stockés dans l'établissement. Dans les autres, les parties d'équipements (substance isolante d'une paroi, par exemple) ou des matières nécessaires au fonctionnement des installations (combustibles, fluides etc.) sont en cause. Concernant les permis de feu, soit le document était manquant, soit purement formel. Il est aussi arrivé que les intervenants aient passé outre l'interdiction des travaux. Dans 20 % des cas, les travaux étaient réalisés par des entreprises extérieures (source : Face au Risque, n° 401, mars 2004).
Les différents types de soudures et les températures générées
Type
Risques industriels
Temperature
Soudage à l'arc électrique
Projection d'étincelles très violentes
3 000 °C à
5 000 °C
Soudage au chalumeau à propane
Chaleur apportée par une flamme résultant
de la combustion d'un ou plusieurs gaz dans l'air1 800 °C à
1 925 °C
Dégivrage au chalumeau
Transport de chaleur incontrôlable
pour les pièces métalliques traitéesVariable selon l'utilisation.
> 1 800 °C
Oxycoupage
Présence d'oxygène renforçant le risque d'incendie immédiat
2 830 °C
Lampe à souder
1 500 °C
Soudage Oxyacéthylénique
Fuite ou explosion des bouteilles
2 000 °C à
3 200 °C
Points de fusion des différents métaux
Métaux
Potassium
Sodium
Etain
Plomb
Zinc
Aluminium
Laiton
Point de fusion
< 1 000 °C
63 °C
98 °C
232 °C
327 °C
419 °C
660 °C
900 °C
Métaux
Cuivre
Fonte blanche
Fonte grise
Acier doux
Silicium
Nickel
Fer
Point de fusion
> 1 000° C
1 083 °C
1 100 °C
1 225 °C
1 400 °C
1 430 °C
1 455 °C
1 535 °C
Les principaux risques
- Action directe de la chaleur ou/et de la flamme
Le danger le plus visible provient de l'effet direct de la flamme ou de l'arc électrique. Les températures atteintes dans la flamme du chalumeau sont de l'ordre de 2 000 à 3 000 °C et, par suite de l'échauffement de l'air environnant, les températures restent importantes dans une zone d'environ un mètre. Pour l'arc électrique, le champ dangereux est limité à une zone plus réduite (de l'ordre de 20 cm), mais les températures varient entre 3 000 et 5 000 °C.
- L'accumulation de chaleur
La chaleur générée peut s'accumuler dans un local mal ventilé et donné lieu à un feu de type braise. Ainsi plusieurs heures après la fin des travaux, un feu peut se déclarer.
- Le transfert de chaleur par conduction
Une pièce métallique qui subit un travail par point chaud est portée localement à des températures très élevées pour obtenir la fusion du métal. La conductibilité des métaux est importante et des températures dangereuses peuvent exister loin du point de travail. Ainsi la chaleur peut être transmise de l'autre côté d'une cloison.
- Etincelles et gouttelettes incandescentes
Les travaux par point chaud produisent tout autour de la zone travaillée des projections de gouttelettes de métal en fusion, des particules de carbone en combustion ou encore des éclats de calamine. Lorsqu'elles touchent le sol, les gouttelettes de métal incandescentes ont une température entre 1 000 et 2 000 °C. Elles peuvent être projetées jusqu'à 10 mètres sur un sol lisse, se perdre dans une fente et y former un nid de braises. Sans aération, un foyer peut couver. Chaque opération produit des centaines de milliers d'étincelles, une seule peut suffire à déclencher un feu.
- Transfert de gaz imbrûlés
Un travail de soudure au chalumeau sur une tuyauterie peut y faire pénétrer une certaine quantité de gaz de combustion surchauffés mais non brûlés par manque d'oxygène. S'il existe une extrémité ouverte, ces gaz s'écoulent et, du fait de leur température et de l'apport d'oxygène de l'air, peuvent s'enflammer à la sortie. Le même phénomène peut se produire sous des tôles.
RETOURS D'EXPÉRIENCE
Travaux d'étanchéité
Le 24 septembre 2004, des ouvriers procèdent à des travaux d'étanchéité sur la terrasse d'un gymnase de Berck (62). Une épaisse fumée noire s'élève. Cinquante pompiers sont aussitôt dépêchés sur les lieux, qui abritent un centre de rééducation. Dès leur arrivée, les cinquante pompiers entendent une forte explosion : la bouteille de gaz alimentant l'appareil servant à chauffer le goudron vient d'éclater sous l'effet de la chaleur. Les douze curistes présents dans le gymnase sont évacués avec leurs moniteurs. L'incendie sera finalement maîtrisé.
Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 319, 13 décembre 2004.
Lomme (59), 24 novembre 2004. Décorations florales, bougies, bombes, aérosols... autant de matériaux à fort potentiel calorifique, stockés dans l'entrepôt en flammes du marché d'intérêt national. Les ouvriers, en train d'effectuer des travaux d'étanchéité, ont donné l'alerte vers 9 h 30. Les 60 sapeurs-pompiers mobilisés n'ont pu attaquer le foyer de l'intérieur, en raison du risque d'effondrement. Ils ont déployé 10 grosses lances, une lance-canon et une petite lance tout autour du bâtiment de 2 000 m2. L'incendie a provoqué la chute d'une bouteille de propane, ce qui a accéléré la propagation des flammes. Une livraison de décorations de Noël est partie en fumée.
Source : Face au Risque - L'Hebdo, n°282, 19 janvier 2004.
Le 8 avril 2003 vers 15 h 30, dans le service de reprographie du centre de gestion d'une usine pétrolière de Pau (64). Les ouvriers préparaient des plaques de papier goudronné, qu'ils chauffaient à l'aide de chalumeaux pour les étaler par-dessus une couche de laine de verre, posée sur du polystyrène, lorsque l'incendie a éclaté. Le service de sécurité est intervenu immédiatement. La cinquantaine de personnes présentes dans les bureaux a été évacuée, suivie du personnel des bureaux voisins. Le feu s'est propagé d'un seul coup à l'ensemble du bâtiment de 1 600 m2. Les quelque soixante pompiers mobilisés ont dû batailler pendant plusieurs heures, d'autant plus que les trois bouteilles de gaz utilisées par les ouvriers ont explosé l'une après l'autre. Vers 18 h 30, le sinistre était maîtrisé mais les bureaux ont été détruits.
Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 261, 23 juin 2003.
Feu de type braise : des travaux par points chauds mis en cause
10 février 1998. Cornimont (88). Dans une usine de tissage, un feu se déclare à proximité des batteries de chauffe qui produisent de l'air humidifié à 75 % nécessaire au tissage. L'incendie prend rapidement de l'ampleur : la toiture de l'établissement s'effondre en 1/4 d'heure. Les pompiers de plusieurs casernes interviennent. Une intense chaleur gêne leur progression. Malgré l'importance des moyens déployés, l'usine de 6 000 m2 est détruite. 40 employés sont en chômage technique. Bien que l'origine du sinistre ne soit pas clairement établie, des travaux par points chauds effectués par une entreprise extérieure seraient en cause. Le feu aurait ainsi couvé durant plusieurs heures dans une gaine d'aspiration de la poussière.
Source : http://aria.ecologie.gouv.fr
Feu de toiture : une vis foreuse suspectée
20 juin 2000. Chalons-en-Champagne (51). Un feu se déclare sur la toiture d'un entrepôt abritant les matières premières d'une usine de produits détergents. Les causes du sinistre ne sont pas connues avec exactitude, mais des ouvriers d'une entreprise extérieure, effectuant des travaux de rénovation et partis déjeuner au moment des faits, venaient de percer la charpente métallique avec une vis auto-foreuse. Le point chaud généré pourrait être à l'origine de l'inflammation de la sous-toiture en bois et laine de verre. Les équipes de 1re et de 2e intervention du site, aidées des pompiers, maîtrisent l'incendie en 10 min. La toiture est endommagée sur 1/3 de sa surface. La laine de verre sera remplacée par des matériaux incombustibles et l'utilisation de systèmes auto-forants au contact de matériaux combustibles est interdite dans l'usine.
Source : http://aria.ecologie.gouv.fr
Soudure et poussières de textile
14 mars 2003. Un feu se déclare lors de travaux de soudure sur le réseau d'eau d'une blanchisserie de Reims (51). Les RIA sont inutilisables au moment des faits (vanne de départ fermée). L'intervention était effectuée à proximité du plafond de l'usine recouvert de poussières de textile peu visibles. Au cours du soudage, une particule de métal en fusion projetée contre le plafond a enflammé les poussières dont la combustion est devenue incontrôlable. Le feu s'est propagé sur toutes les poutres métalliques proches. Un employé prévient les pompiers pendant que l'ouvrier soudeur essaie de maîtriser depuis sa nacelle et à l'aide d'un extincteur l'incendie qui commence à se déplacer sur les chemins de câbles électriques. L'incendie est éteint à l'arrivée des pompiers, mais une fumée abondante a été générée et une caméra infrarouge doit être utilisée pour vérifier qu'il ne reste aucun point chaud. Un plan de prévention et un permis de feu avaient été établis, mais aucune mesure particulière n'avait été demandée à la société extérieure effectuant les travaux (mesures particulières de dépoussiérage ou d'arrosage préalable aux opérations de soudage et de meulage) ; le responsable des travaux avait cependant demandé à la société sous-traitante d'utiliser des moyens manuels pour découper la cheminée d'extraction existante pouvant contenir une accumulation de poussières et de fournir un extincteur à eau pulvérisée. Ces dernières recommandations avaient été respectées. A la suite de ce sinistre, la société extérieure mentionne dans son rapport que toute intervention future sur ce site nécessitant un permis de feu doit impérativement être précédée d'un dépoussiérage très soigneux d'une très large zone en périphérie du chantier et d'une humidification des structures par pulvérisation si l'absence d'installations électriques dans la zone le permet.
Source : http://aria.ecologie.gouv.fr
Un meulage provoque l'évacuation de trois immeuble
Le 27 décembre 1994, un incendie ravage les 3 étages d'une fabrique d'articles en plastique de 2 000 m2 à Aubervilliers (93). L'intervention est conduite par 130 pompiers. 3 personnes (dont 1 pompier) sont légèrement brûlées et hospitalisées. Une épaisse fumée toxique se dégage. Cinq bouteilles d'acétylène explosent. Trois immeubles sont évacués par sécurité. Un périmètre de sécurité de 200 m est établi. L'origine de l'accident est un dégagement d'étincelles par une meuleuse. L'entrepôt atelier sera reconstruit. Les dommages matériels internes s'élèvent à 1,37 M € .
Source : http://aria.ecologie.gouv.fr
Projection d'étincelles et matières inflammables
Espaly-Saint-Marcel (43), le 13 février 2004. Appelé en milieu d'après-midi pour un début d'incendie dans une papeterie, les sapeurs-pompiers du centre de secours principal du Puy-en-Velay interviennent avec de gros moyens : fourgon pompe-tonne, échelle pivotante automatique de 30 m, moto-pompe et groupe électrogène remorquables, dévidoir automatique léger, véhicule tout terrain et véhicule d'assistance respiratoire. Le sinistre est d'origine accidentelle. Il résulte de la projection d'étincelles par une meuleuse dans une fosse contenant des copeaux et des cartons. L'extinction s'est révélée difficile en raison de problèmes d'accessibilité mais n'a pas mis en péril l'entreprise.
Source : Face au Risque - L'Hebdo, n° 295, 26 avril 2004.
Etincelles suspectes
Le 10 novembre vers midi, un incendie se déclare dans une banque située dans le centre commercial de Roedovre, au Danemark. Le centre, construit dans les années 70, est en cours de réhabilitation. Les étincelles provoquées par une meuleuse seraient à l'origine du feu, qui a pris dans le faux plafond. Les sprinkleurs se sont aussitôt mis en marche. Le feu a été rapidement maîtrisé. Les pompiers sont intervenus pour éviter la reprise des flammes et maîtriser la fumée.
Source : www.eurosprinker.org
Découpage : près de 6 millions de pertes
Le 4 mai 2004, Treffort-Cuisiat (01). Dans une entreprise de traitement des métaux, un feu se déclare vers 15 h sur une ligne d'application de peinture de pièces en plastique en cours de démontage pour être transférée sur un autre site de la société. L'incendie se propage dans un conduit de cheminée puis à la toiture du bâtiment de 1 500 m2. Les pompiers maîtrisent le sinistre. Des travaux par points chauds (découpage d'une pièce métallique) sont à l'origine du sinistre (inflammation de résidus de peinture). Aucune victime n'est à déplorer. Les dommages matériels sont importants : 800 m2 de toiture détruits, chaînes de peinture endommagées. Selon la presse, le préjudice est estimé de 5 à 6 M € et la reconstruction nécessitera 6 mois de travaux.
Source : http://aria.ecologie.gouv.fr
Les incendies par points chauds au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, les gros incendies (de plus de 75 000 € ) ayant pour origine des travaux par points chauds ont coûté environ 16,05 M € en 2002 (pour 13 sinistres), contre 4,9 M € en 2001 (8 sinistres). Ils représentent 5,7 % du coût total causé par les gros sinistres en 2002, contre 3,8 % en 2001. Sur la période 1998-2002, 55 gros sinistres par points chauds ont été enregistrés, dont 25 ont pris au niveau du toit. Les établissements scolaires et les entrepôts sont les plus touchés par ce type de sinistres.
Source : Fire Prevention.
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