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5.7.3. LA RÈGLE APSAD R1 : EXTINCTION AUTOMATIQUE À EAU, TYPE SPRINKLEUR | ![]() |
La conception et la réalisation d'un système sprinkleurs selon la règle APSAD R1 repose sur une classification des risques en fonction de laquelle seront notamment définis :
- le débit minimum nécessaire à la maîtrise d'un incendie sur une surface donnée, dite surface impliquée ; - le type d'installation à mettre en uvre (sous air, sous eau, déluge, avec émulseur, sous antigel, etc.) ; - les caractéristiques des sources d'eau, des pompes, de l'alimentation électrique, des moteurs diesel d'entraînement des pompes, des canalisations, des postes de contrôle, etc.
La règle prend en compte les systèmes sprinkleurs de type « grosses gouttes » et de type « ESFR » dont elle définit les principes et les conditions d'emploi.
La tarification d'un risque protégé par un système d'extinction automatique à eau bénéficie d'un rabais à condition que celle-ci soit conforme à la règle APSAD R1. Ce rabais est défini dans le Traité d'assurance incendie risques d'entreprises (TRE) et peut aller jusqu'à 80 %, en fonction de l'âge de l'installation, du nombre de sources d'eau, du respect des règles de surveillance et de la nature des activités.
LA CONCEPTION ET LA RÉALISATION D'UN SYSTÈME
La classification des risques
L'importance et la nature de la charge calorifique ainsi que la vitesse de propagation du feu conditionnent le débit d'eau par unité de surface et le nombre de sprinkleurs dont le fonctionnement est prévisible. Il est donc indispensable, pour construire l'installation adaptée, de connaître les risques d'incendie du bâtiment à protéger.
En conséquence, un classement est établi en fonction de la nature de l'activité dans le bâtiment à protéger, de la nature des marchandises et des emballages, des modes et hauteurs de stockage et du type de construction (notamment en présence de panneaux sandwich).
Des classes de risques sont ainsi définies avec, en fonction du référentiel, un contenu pratiquement identique mais des dénominations différentes :
Classe de risque
(Règle APSAD R1)
Hazard occupancies
(Document CEA 4001 + NF EN 12845)
Risques à faible potentiel calorifique (RFPC)
Light Hazard (LH)
Risques courants (RC)
Ordinary Hazard (OH)
Risques très dangereux de type A (RTDA)
Hight Hazard Production (HHP)
Risques très dangereux de type B (RTDB)
Hight Hazard Storage (HHS)
A noter que le classement des activités et marchandises est en général plus sévère avec la règle APSAD R1 qu'avec les référentiels européens. De prochains amendements à la norme européenne et à la règle CEA 4001 (prévus en 2006 pour cette règle) devraient atténuer ces différences.
Densité d'eau et surface impliquée
A chaque classe et sous-classe de risque correspondent une densité d'eau et une surface impliquée :
- la densité est le nombre de litres d'eau que l'installation sprinkleurs doit déverser au minimum par m2 de surface protégée et par minute ; - la surface impliquée est la surface minimum à arroser avec la quantité d'eau prévue. C'est une surface théorique, fondée sur l'expérience et sur des essais, dans laquelle l'installation est censée contenir un incendie si on applique la quantité d'eau prévue par m2/min.
En fonction du risque, les densités et les surfaces impliquées seront les suivantes :
Classe de risque
Densité
(règle APSAD R1
document CEA 4001
Nf EN 12845)
Surface
impliquéeRègle APSAD R1
Document CEA 4001
NF EN 12845
RFPC
LH
2,25 l/m2/min
84 m2
RC 1
OH 1
5 l/m2/min
72 m2
RC 2
OH 2
144 m2
RC 3
OH 3
216 m2
RC 3S
OH 4
360 m2
RTD A1
HHP 1
7,5 l/m2/min
260 m2
RTD A2
HHP 2
10 l/m2/min
RTD A3
HHP 3
12,5 l/m2/min
RTDB 1, 2, 3, 4
HHS 1, 2, 3, 4
Valeurs dépendant du mode et de la hauteur de stockage mais identiques pour les 3 référentiels
La densité et la surface impliquée permettent de définir les sources d'eau nécessaires à l'alimentation du système (pour une estimation rapide de la source d'eau principale à partir de la connaissance de la densité et de la surface impliquée, se reporter au paragraphe relatif aux sources d'eau).
Étendue de la protection
Pour obtenir la meilleure efficacité, tous les locaux d'un même bâtiment, les bâtiments contigus et les bâtiments situés à moins de 10 mètres doivent être protégés et, en particulier, les espaces cachés : combles inaccessibles, faux-planchers, faux-plafonds, compartiments latéraux, etc.
Pour certains cas particuliers, la non protection peut être envisagée avec ou sans mesures compensatoires comme : la séparation entre locaux protégés et non protégés par un mur séparatif ordinaire (conforme à la règle APSAD R15 relative aux ouvrages séparatifs coupe-feu) avec porte coupe-feu 1 h 30 minimum, amélioration de la tenue au feu de la séparation par rideau d'eau, etc.
La protection doit être adaptée aux risques présentés par chaque local et l'on peut même réaliser deux protections différentes dans le même local moyennant des mesures spécifiques.
MAINTENANCE ET VÉRIFICATION DU SYSTÈME
La durée de vie d'une installation sprinkleurs est longue. Il existe des installations centenaires en service. Cette longévité implique une série d'opérations d'entretien, de vérification et d'adaptation pour garantir toujours la même efficacité.
La règle APSAD R1 prévoit une remise en conformité du système tous les 30 ans et des entretiens approfondis tous les 3 ans.
Entretien et surveillance
Le propriétaire, ou son délégué, est responsable de l'entretien de l'installation suivant les consignes d'entretien fournies par l'installateur et les directives de la règle APSAD R1.
Une série d'opérations (hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles, semestrielles, annuelles, triennales) sont préconisées et doivent être consignées sur des documents adéquats pouvant être présentés à toute demande du prescripteur (tableaux S1A et S1B du CNPP par exemple). Ces opérations concernent essentiellement les postes de contrôle, les sources d'eau, les groupes motopompes diesel et le réseau.
En complément, il faut exercer une surveillance sur l'ensemble du système et des locaux et en particulier sur :
- l'état des sprinkleurs ; - l'état des canalisations et supports ; - la position des vannes d'isolement ; - le dégagement des sprinkleurs par rapport aux obstacles ;
en tenant compte d'éventuels changements comme :
- la modification du bâtiment et des procédés de fabrication : locaux supplémentaires, mezzanines, faux-plafonds, cloisons, gaines, machines etc. ; - la modification du risque incendie : type de fabrication, de produits, d'emballage, de stockage, etc.
Vérification semestrielle des installations
Elle a pour objet de s'assurer dans le temps de la qualité de l'entretien et de l'adéquation du système à l'occupation des locaux. Il ne s'agit donc pas d'une opération de maintenance mais d'une vérification périodique.
Ce suivi semestriel des installations sprinkleurs est exigé par la règle APSAD R1 et fait l'objet d'un compte-rendu de vérification Q1. Il est établi par une entreprise disposant de la certification APSAD de service de vérification. Ce compte-rendu est envoyé au CNPP qui alerte l'assureur en cas de dysfonctionnement grave.
Les principales vérifications effectuées portent sur les points suivants :
- vérification de l'ensemble du système : • état général, • relevé des déclenchements et de leurs causes, • relevé des mises hors service de plus de 72 heures, • rappel des principales caractéristiques de l'installation et des dérogations à la règle ; - contrôle, vérification et essais de fonctionnement : • sources d'eau et groupes motopompes diesel, • postes de contrôle, • réseau, • accélérateur ou exhausteur, • écoulement de l'eau ; - relevé des points de non conformité et propositions d'améliorations.
Entretien triennal
L'entretien triennal porte sur les éléments suivants :
- sources d'eau : nettoyage interne des réserves, vannes, clapets, etc. ; - postes d'alarme : nettoyage interne de tous les organes et, en particulier, remplacement des joints de clapet ; - canalisations : rinçage des canalisations principales et secondaires de distribution, remplacement du liquide antigel, etc. ; - sprinkleurs : nettoyage et remplacement si nécessaire.
Ce travail doit être exécuté par du personnel compétent car il nécessite l'arrêt de tout ou partie du système et, en particulier, des sources d'eau.
Remise en conformité trentenaire
Elle doit être exécutée tous les 30 ans, la date de référence étant la date de mise sous eau.
Elle est réalisée suivant les directives de la règle APSAD R1, en 3 phases :
- 1re phase : Définition de la protection requise par la règle en vigueur et comparaison avec l'existant afin de repérer les éléments de protection a priori compatibles ; - 2e phase : Investigation détaillée, notamment sur les parties du système potentiellement réutilisables. Cette phase comprend l'analyse de l'état de tuyauteries, des sprinkleurs, des sources d'eau, etc. ; - 3e phase : Établissement de listes de travaux à effectuer. In fine, le système doit répondre aux exigences de la règle en vigueur au moment de la remise en conformité. Quelques adaptations peuvent être acceptées (elles sont définies dans la règle APSAD R1, annexe 3).
La remise en conformité trentenaire donne lieu à l'établissement d'un nouveau certificat N1 et à une visite de conformité effectuée par le CNPP.
Modifications et extensions
Si elles concernent moins de 5 sprinkleurs sur un même poste de contrôle, les modifications peuvent être exécutées par l'assuré, à condition qu'il en avise immédiatement l'assureur et le vérificateur certifié qui en fera état dans le compte rendu de vérification suivant.
Les autres modifications doivent être exécutées par l'installateur d'origine ou par un autre installateur disposant de la certification APSAD de service d'installation. Jusqu'à 200 sprinkleurs, elles font l'objet d'un simple compte-rendu ; au-delà et/ou si les sources sont modifiées, un certificat N1 doit être établi. En particulier, la source B doit être calibrée en fonction des besoins en eau de la modification ou de l'extension.
Arrêt de l'installation
Pour tout arrêt de l'installation supérieur à 12 heures, qu'il soit :
- accidentel ; - nécessité par la vérification triennale ou la révision ; - nécessité par une modification ou une extension ; - partiel ou total,
l'assuré doit aviser son assureur en utilisant l'imprimé N100, trois jours avant en cas de vérifications, modifications ou extension et sans délai en cas d'accident, et prendre immédiatement les mesures compensatoires prévues au verso du document.
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