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3.4.1. LE COMPARTIMENTAGE | ![]() |
Objectifs du compartimentage
Le compartimentage est l'ensemble des mesures constructives qu'il y a lieu de prendre pour lutter contre la propagation de l'incendie en créant des obstacles à cette propagation. Ces obstacles, verticaux ou horizontaux, en empêchant ou en ralentissant l'incendie, vont permettre :
- d'assurer ou au moins de faciliter l'évacuation rapide des personnes vers l'extérieur ou vers les lieux de recueil par des zones ou passages protégés ; - de limiter le plus possible le volume des zones présentant des risques particuliers pour les personnes ou pour les biens ; - de faciliter l'intervention des secours extérieurs en leur permettant d'accéder au siège du sinistre ; - de limiter l'ampleur des dégâts sur les biens.
Cet objectif s'applique d'un bâtiment à l'autre et à l'intérieur d'un même bâtiment. Dans la mesure du possible, le compartimentage, comme la plupart des mesures de protection contre l'incendie, doit être conçu dès l'avant-projet de construction, de façon à ce qu'il coïncide avec des découpages logiques de l'activité et des services et que les équipements et les aménagements s'y intègrent judicieusement.
Le compartimentage s'applique :
- à un local, dont toutes les parois et issues devront satisfaire à des critères définis de résistance au feu ; - à un ensemble de locaux dont les « frontières » seules devront satisfaire à ces critères ; cet ensemble formant un « compartiment » à l'intérieur duquel les exigences de résistance au feu des parois verticales ne seront pas imposées ; la surface d'un compartiment est limitée par la réglementation en fonction du type d'occupation ; - aux circulations ou « dégagements », qui devront présenter des parois et des issues ayant un certain niveau de résistance au feu (dégagements encloisonnés), et être limités par des recoupements au moyen de portes résistant au feu ; - aux cages d'escaliers et d'ascenseurs, dont les parois et les blocs-portes résistants au feu contribueront à les « encloisonner » ; - aux combles, vides, qui devront être « recoupés » par des éléments résistant au feu ; - aux gaines et conduits traversant les parois, les planchers et plafonds, afin que leur passage n'altère pas l'efficacité de la protection, au moyen de calfeutrements, volets et clapets restituant le degré de résistance au feu des éléments traversés ; - aux parois séparant deux bâtiments contigus ou deux parties de bâtiments.
Le compartimentage a ses « points faibles » que constituent toutes les ouvertures qui y sont pratiquées et les solutions de continuité : portes, baies, passages de gaines techniques, faux-plafonds, jonctions entre murs et éléments de toiture, partie basse des cloisons... Autant d'éléments qui éloignent le compartimentage du modèle idéal qui vise à limiter le feu dans la zone où il a pris naissance. C'est la raison pour laquelle la réglementation associe toujours les mesures relatives aux parois, plafonds, planchers à des mesures complémentaires concernant les ouvertures.
Les mesures de cloisonnement ou de compartimentage imposées par le législateur diffèrent suivant l'importance du bâtiment, le type d'occupation, la nature de l'activité... La notion même de compartimentage est différente suivant qu'il s'agit d'un immeuble de grande hauteur ou d'un établissement recevant du public.
Principes du compartimentage
Les principes du cloisonnement ou du compartimentage découlent naturellement des objectifs visés. Les obstacles dressés pour contenir le feu ont un degré de résistance qui est fonction du type de feu prévisible, du risque encouru par les occupants et les biens, du temps nécessaire à l'évacuation, etc. En pratique, ce degré de résistance est imposé par la réglementation ou recommandé par les sociétés d'assurances, pour les parois et pour les ouvertures.
Les murs et cloisons peuvent être en maçonnerie (parpaings, briques, carreaux de plâtre, etc.) ou en éléments préfabriqués. Lorsque l'utilisation d'un matériau de base seul ne suffit pas à conférer à l'élément le degré de résistance au feu requis, on lui adjoint des matériaux de protection rapportés. L'ensemble doit cependant avoir fait l'objet d'un procès-verbal par un laboratoire agréé. Dans tous les cas, les performances sont données pour une hauteur en relation avec l'épaisseur de l'élément.
Les problèmes ne se posent pas tant pour les parois, dont la réalisation répond généralement aux critères demandés, que pour les ouvertures qui doivent conserver une bonne mobilité et supporter un nombre important de manuvres.
Tous les dispositifs susceptibles d'altérer la résistance au feu des éléments de cloisonnement ou de compartimentage doivent être conçus de manière à limiter au maximum cette éventualité :
- les portes ne sont pas considérées seules, mais dans leur ensemble dormant-vantail, soit le « bloc-porte » ; - les portes doivent être munies de « ferme-porte » destinés à les ramener automatiquement à leur position de fermeture après le passage des personnes ; - les portes qui doivent rester ouvertes pour les besoins de l'exploitation doivent se fermer automatiquement en cas d'incendie.
Toutefois, le degré de résistance au feu imposé par la réglementation pour les blocs-portes est en général inférieur à celui exigé pour les parois dans lesquelles elles s'insèrent. Ceci prend en compte le fait que les ouvertures, dégagées par vocation pour le passage des personnes, sont moins fortement exposées aux effets directs d'un sinistre car éloignées de la charge calorifique.
Par ailleurs, les conditions de montage des éléments coupe-feu influencent considérablement la qualité du compartimentage : une porte coupe-feu doit être parfaitement solidaire de la paroi dans laquelle elle est insérée, les jonctions des parois avec les plafonds et les planchers doivent être traitées à l'aide de joints isolants, les passages de gaines et conduits doivent être soigneusement calfeutrés conformément aux spécifications du procès-verbal d'essais, etc. De nombreux matériaux sont aptes à restituer l'intégrité d'une paroi résistant au feu : plâtre, enduits, mastics d'enrobage, plaques de laine de roche ou de verre, plaques de béton cellulaire, sacs coupe-feu, presse-étoupe, manchons métalliques pour canalisations plastiques.
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